Accueil A la une Esthétique urbaine : La capitale croule sous les étals anarchiques

Esthétique urbaine : La capitale croule sous les étals anarchiques

 

Il y a des artères à Tunis (et dans de nombreuses autres villes du pays) qui ne semblent appartenir ni à l’Etat ni aux citoyens. Elles sont la propriété exclusive des riverains et des commerçants qui s’y trouvent.

Si nous ne prenons que l’exemple de la capitale, nous pouvons résumer facilement la situation. En arpentant les principales voies de la ville, chacun parmi nous constate le degré de désordre et de dépassements qui y prévaut.

Allons à titre d’exemple du côté de la vieille ville. Commençons, plus exactement, par les tunnels de Bab Souika. Des deux côtés, à l’entrée et à la sortie, s’offrent à vous une longue file de voitures stationnées quotidiennement. Et ce, malgré le risque d’accidents qu’elles peuvent provoquer.

Spectacles bizarres  !

Ensuite, si on continue le parcours de la rue Bab Souika jusqu’à la fin de la rue Al Jazira en passant par la rue Mongi Slim, on peut assister aux spectacles les plus bizarres et les plus inattendus. On se croirait en zone interdite. Dès qu’on y pénètre, on ne se sent plus à l’aise. Si vous êtes un automobiliste et que vous cherchez à vous garer (même pour quelques minutes) ou que vous voulez visiter des proches dans les environs ou pour d’autres affaires, il faut payer les “gardiens” qui surgissent de partout. Quant à essayer de trouver un autre endroit pour stationner, il ne faut pas se faire d’illusions.

Les propriétaires des boutiques ou des divers commerces vous en empêcheront carrément ou vous le signifieront grâce au “décor” qu’ils utilisent juste devant leurs locaux. Des caisses, des barrières, ou d’autres outils sont placés à même la chaussée pour marquer le territoire en leur possession.

Etalages à même la chaussée

A la rue Mongi Slim et celle de Malta Sghira, les vendeurs de meubles et de matelas exposent toutes leurs marchandises sur le trottoir et sur une bonne partie de la chaussée.  Nous avons été témoins, il y a quelque temps, d’une scène où un agent de police avait demandé à des commerçants de ce lieu de rentrer leurs marchandises. Ils se sont, immédiatement, exécutés. Mais, une fois que l’agent a tourné les talons, ils ont ressorti leurs matelas et les ont remis à leur place. C’est-à-dire sur une table occupant une partie de la chaussée.

De tels abus et dépassements ne datent pas d’hier. Mais ces derniers temps ils ont atteint un point qui ne peut laisser indifférent. La rue Mongi Slim, qui, naguère, était utilisée par les voitures dans les deux sens et empruntée par les bus de la ligne 1 et 2 jusqu’à l’année 2000, ne permet plus aujourd’hui de laisser passer une seule voiture dans un seul sens.

L’anarchie y est totale. Le stationnement se fait à gauche et à droite. Les marchandises exposées hors des locaux, les chaises des gargotes ou de ce qu’on appelle “cafétéria” sont à même le bitume.

L’air de rien, tout le monde semble s’accommoder de cet état lamentable. C’est à croire qu’il n’y a aucune autorité dans le “bled” comme dirait l’autre. Mais où sont les autorités régionales et communales?

Et le Marché central ?

Il faudrait, aussi, passer par la rue Al Jazira un jour férié. On y verra toutes sortes de déchets, de cartons et autres détritus abandonnés par les différents commerces. Et vous pensez bien que cette artère est, quasiment, impraticable tellement la circulation y est difficile. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas s’engouffrer dans les halles de Tunis. Là, non plus, on n’est pas au bout de nos peines.

Cet espace, qui avait été rénové complètement il y a près de vingt ans, baigne lui aussi dans le désordre. Ne parlons pas de l’absence d’affichage des prix. C’est une tradition bien ancrée.

Notons plutôt le non-respect des espaces. En effet, nombreux sont les marchands qui délaissent leurs étals pour exposer leurs marchandises dans les allées encombrant ainsi le mouvement des visiteurs et des acheteurs. Et là, aussi, il faut remarquer que le Marché central est fidèle à sa réputation.

Jusqu’à quand allons-nous assister, impuissants, à de tels spectacles et comportements désolants ? Surtout que nous parlons de la capitale. Cette capitale qui s’enlaidit, malheureusement, chaque jour et que l’on hésite à visiter à cause des nombreux désagréments auxquels on peut être confronté. Pourtant, cette ville et toutes les autres villes de notre pays méritent un autre sort. Et des meilleurs.

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